La date de l'enfer.

J'avais hésité à matcher avec ce type, à cause de sa description, certes détaillée, certes intéressante, mais où il avait utilisé le mot "contrainte" en parlant des relations amoureuses. Il semblait chercher une relation intéressante et suivie, mais sans réel engagement. Classique.

À force de voir son profil apparaître, et mon espoir disparaître, j'ai fini par aimer son profil, parce que
  1. On sait jamais ;
  2. il avait l'air cool et intéressant ;
  3. il avait un bon style ;
  4. il écrivait bien ;
  5. je cherche manifestement la merde.


On a matché, échangé des messages. Il était effectivement cool et intéressant.

Après un premier rendez-vous prometteur dans un de mes bars préférés, nous avions convenu de nous revoir. J'avais proposé de me déplacer cette fois s'il préférait, et j'ai fini par le retrouver chez lui, à la campagne, dans une ville plus ou moins voisine. J'ai pris le train pour m'y rendre.

J'étais légèrement anxieuse de m'éloigner pour le week-end, mais on avait passé une très bonne soirée au bar, et j'avais besoin de prendre l'air. J'imaginais déjà la petite maison confortable avec un jardin où décompresser d'une semaine à la con, à prendre l'apéro en passant un bon moment.

L'apéro, oui, un bon moment, moins, la maison confortable, encore moins. La maison capharnaüm, plutôt.

Il m'avait prévenu que c'était un peu le "bordel". Tout le monde dit ça. Un papier pas rangé, c'est le bordel. Deux jouets qui traînent, c'est le bordel, un verre dans l'évier, le bordel. Lui, en revanche, n'avait pas exagéré. C'était vraiment le bordel. Des jouets au large, la petite terrasse en bordel, avec un énorme cendrier plein à ras bord sur la table, des trucs sur le canapé, un slip de son fils dans le lavabo !! 

Ce n'était pas vraiment sale en soi, mais le désordre donnait une impression certaine de dégueulasse.

Je rêve de pouvoir avoir, un jour, une jolie maison, modeste, mais accueillante et joliment meublée. Ce rêve, que je vois s'éloigner de plus en plus, explique aussi plus subjectivement pourquoi j'ai été aussi agacée et dégoûtée. Il néglige sa maison, son foyer, alors qu'il y a tellement de potentiel ; il pourrait tellement l'organiser et l'optimiser.

J'ai trouvé un endroit pour poser mon sac. Il m'avait prévenu qu'il avait un boulot à finir rapidement, c'était ok pour moi, je pouvais aller sur la terrasse en attendant, fumer une cigarette et boire un verre, verre qu'il ne m'a jamais offert et que j'ai dû finir par demander. 

T'es invitée chez un mec, tu te déplaces pour le weekend dans sa baraque bordélique, et tu te retrouves à devoir demander s'il n'a pas un thé ou un café en attendant qu'il termine son taf. Il aurait mieux fait de me dire de ne pas venir. On aurait totalement pu décaler. J'aurais mieux fait de me tirer, mais gentille comme je suis, j'ai pris mon thé et je l'ai attendu.

Il a fini par me rejoindre à l'extérieur, a parlé, parlé, parlé, de lui, de ses expériences, de lui, de ce qui pouvait le mettre en valeur.

Il n'avait pas fait les courses. Il a fallu y aller ensemble. Mais il a fait les courses tout seul : j'ai dû le suivre dans le supermarché. Il ne m'attendait pas, comme s'il faisait les courses en parlant tout seul. 

Il portait des crocs et un tee-shirt sale, même tenue dans laquelle m'avait accueillie. Pourquoi se changer pour un rendez-vous, alors qu'on est chez soi ? Pourquoi s'habiller pour aller faire des courses ? 😑

Sur le retour, il a dû s'arrêter au tabac. Comme je l'avais laissé payer les courses, il a proposé que je lui achète son paquet de clopes. Pourquoi j'ai accepté, je ne sais pas. J'aurais dû lui expliquer que ça ne se faisait pas, que j'avais pris (et payé) le train pour venir, qu'il aurait pu faire les courses avant, ou me dire qu'il n'était pas dispo. Je me hais, mais je suis allée lui chercher son paquet de clopes. De retour dans la voiture, il a été étonné de voir un paquet de 20. Il s'attendait peut-être à ce que je lui prenne une cartouche, cette grosse pince.

Heureusement, l'alcool, fidèle compagnon, a réussi à édulcorer cette soirée. Le type cherchait clairement à se mettre en valeur, en vain. Il a raté son super plat, délicate attention, s'il n'avait inventé que c'était parce que je lui parlais ou je ne sais quelle raison qui me visait clairement.

Je crois que ce n'était même pas un connard. Il avait l'air vraiment gentil. Il pensait être atteint d'une forme d'autisme ou de TDAH. Moi, j'en suis complètement persuadée (par expérience, pas par diagnostic médical, puisque je ne suis pas médecin).  

Je ne me souviens plus de toutes les discussions, mais il avait un problème relationnel, comme de la maladresse et de la lourdeur mélangées.

Je me suis quand même couchée avec lui, l'alcool, la résignation, l'espoir et le désespoir aidant. Cela dit, lorsqu'il a allumé sa machine respiratoire, j'ai senti la coupe déborder. L'avantage des maisons, en général, c'est la place. J'ai pu tenter de trouver le sommeil à l'étage, qui, par chance, n'était pas bordélique, mais plutôt vide.

J'ai passé le lendemain à regarder la saison 2 de Fleabag, lui à bosser, en attendant l'horaire de mon train.

Avant de partir, il m'a fait un tour du propriétaire du jardin et d'une annexe. Pourquoi ? 

À la gare, je lui ai quand même dit, en reprenant sa métaphore (qui était déjà un red flag à la base), que je ne pensais finalement pas être intéressée par ce CDD.

Mi-cringe, mi-soulagée, je suis partie prendre mon train.

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